lundi 17 décembre 2012

L'origine des Kilims

L’origine des kilims


De nombreux spécialistes s'interrogent sur l'origine du kilim, quelle culture ou quelle tribu l'a créé, d'où vient l’imaginaire des motifs, comment la tradition du kilim, les autres tissages et les motifs ont-ils interagis et évolués dans le temps ?

Kilim turc et kilim caucasien










Les différents points de vue sur l’origine des kilims peuvent être regroupés sous deux hypothèses générales. D’une part, les théories sur les Turkmènes et d’autre part, la "théorie de la déesse".

La première théorie mentionnée, considère que la tradition du tissage anatolien, incluant la technologie, la technique et les motifs sont un héritage des tribus turkmènes, dont la plus grande migration vers l’Anatolie remonte au 11ième siècle après JC à partir de l’Asie Centrale.


Kilim turc et sac noué Afshar (Iran)










Les discussions mettent l’accent sur une origine pan-asiatique, en traçant  l’origine du kilim dans le Khorasan (dans le Nord-Ouest de l’Iran). Historiquement, le pays d’origine des Turkmènes en Asie Centrale est situé à l’est de l’Iran entre la rivière Amu Darya et le Paropamisus, qui est une région toujours occupée par les Turkmènes d’Iran, d’Afghanistan et du Turkménistan.

La deuxième hypothèse, "The Goddess theory"  (ou théorie de la déesse) a été développée par l’archéologue Dr. James Mellaart après les trouvailles en 1960, sur les sites néolithiques de Catal Hüyük et Hacilar en Anatolie,  datant approximativement de 7000 avant JC. 

La "théorie de la déesse" voit ses origines en Anatolie même, avec comme argument que la tradition du tissage y existait depuis longtemps, voire avant les migrations Turkmènes. Ce qui signifie qu’au lieu d’être le produit d’une influence extérieure, le kilim serait le descendant direct des prototypes néolithiques qui, selon Mellaart, ont existé sous la forme de teintures exposées dans des lieux consacrés au culte d’une déesse de la fertilité.

Tapis Kirghistan et tapis du Caucase










Il est vrai qu’il n’y a pas de preuve d’une utilisation de laine durant ces premières périodes. Cependant, de simples fragments d’étoffes de funérailles en lin ont été trouvés sur le site, et cela prouve bel et bien qu’une certaine forme de tissage existait. Il est généralement accepté que les moutons étaient domestiqués autour de 7000 avant JC et que le sud-ouest de l’Asie était probablement leur lieu d’origine mais, la toison des moutons primitifs était grossière, poilue et quasiment inutilisable pour le tissage.
C’est, avant tout, un facteur crucial de savoir quand les tisserands anatoliens ont adapté le métier horizontal par rapport à la possibilité de la fabrication de tapisserie à relais ou à fente car, pour cette technique il faut une tension et une chaine stable. Mais les preuves documentées de l’existence de la laine utilisable pour le tissage, de la technologie du métier, des textiles polychromes et des techniques de tapisserie à relais, pendant la période néolithique n’ont pas encore été trouvées.

 Kilim turc et tapis turkmène










Toutefois, la première vraie vision claire du tissage Anatolien émerge des ruines de Gordion, un ancien site (datant de +/- 1200 avant JC) d’une ville Phrygienne au centre-ouest de l’Anatolie, qui est retenu comme l’endroit où Alexandre le Grand a coupé le légendaire nœud Gordien. Préservés dans les tombes, plusieurs fragments de textiles ont survécu, ainsi que différents types de tissage lisse, feutres, soumak, et des morceaux de tapisserie à relais.

Kilim turc et kilim Qash'qai (Iran)










 Kilim Timuri (Ouest Afghanistan) et tapis kurde (Nord-Ouest Iran)










Il existe une troisième théorie,  plus récente celle de James Opie développée, il y a une vingtaine d’années, dans son livre « Tapis de Tribus » où il parle de l’influence des traditions du tissage en provenance des montagnes du Zagros (Iran) sur les kilims anatoliens, par l’intermédiaire des populations Kurdes ou par l’influence des Arméniens venant du Caucase.  Nous reviendrons dessus ultérieurement.