dimanche 14 février 2016

Nos patchworks turcs et le Boro japonais

Il y a une dizaine d’années un marchand de tapis à Istanbul a eu l'idée de recycler des kilims anciens abimés, de récupérer les morceaux intacts et d'en faire des patchworks.
Petit à petit ceux-ci ont eu beaucoup de succès et maintenant on ne découpe pas seulement des kilims mais même des tapis anciens.






                                                 Trois de nos patchworks pour le moment en stock.

Cette façon de recycler et surtout leurs aspect visuel fait penser aux textiles japonais Boro.
Boro, qui signifie "en lambeaux", est le terme général pour les vêtements et couvre-lits faits par les populations rurales, mais surtout pauvres du Japon. Ce sont des toiles de coton, teintes à l'indigo, rapiécées et raccommodées sans fin. Son histoire remonte au 19ieme siècle et se poursuit à travers le début du 20ième.

Avant le coton, les gens s'habillaient avec des vêtements fabriqués à partir de fibres locales comme le chanvre, la ramie, l'ortie. La laine n’était pas encore utilisée et le port de la soie de même que les motifs trop voyants furent interdits par des lois édictées par le gouvernement shôgunal.
C'est vers le 17ieme siècle que la culture du coton est arrivée au Japon dans les régions chaudes du sud.

Le nouveau tissu devient vite populaire : plus facile à cultiver, à teindre, plus chaud en hiver, hélas pas accessible à tout le monde.

Dans le sud, les agriculteurs les plus pauvres, sont obligés de vendre le coton qu'ils produisent pour se nourrir.
Ils achètent des vêtements et literies de seconde main ou encore des loques chez le marchand de chiffons.

Mais c'est surtout dans le nord que les gens sont intéressés, là où il fait plus froid et où la culture du coton n'est pas possible. Là aussi, se sont des paysans ou pécheurs pauvres qui se procurent les lambeaux de tissus chez les marchands ambulants venus du sud pour en faire les patchworks.

Ce qu'on considère aujourd’hui comme une forme d'art n'était à l'origine qu'une nécessité, les gens pauvres devaient récupérer, réparer et surtout ne rien gaspiller.








source : Hali magazine
    www.kimonoboy.com/